Avant tout, j’ai eu des nouvelles de E., le grand frère de M., évoqué dans mon dernier post. Je crois que les graines qu’on a planté ont commencé à pousser et c’est un vrai soulagement !
Il a finalement avoué à son oncle qu’il avait déjà emprunté sa moto et qu’ils s’étaient en effet vautrés avec son petit frère. L’oncle, extrêmement bienveillant avec ces garçons qu’il a pris sous son aile, a finalement retiré sa plainte, expliquant que c’était pour le faire réagir. Tout a l’air de rentrer dans l’ordre… Ouf !!!
Tout ce que vivent ces enfants, que je vois défiler sous mes yeux au quotidien, tout ce qu’est ma fille avec son histoire singulière, tout ce que je suis avec mon vécu atypique, tout ce que chacun de nous vit me questionnent sur la notion de normalité.
Parce que oui, c’est quoi au juste la norme ?
Est-ce qu’on est obligé de mettre des gens dans des cases ?
Je me souviens que pendant de longs mois, notre entourage nous a saoulé concernant le retard de motricité de notre Soleil.
Elle a marché à 20 mois. Il n’en fallait pas plus pour que le médecin traitant et la responsable du relais d’assistantes maternelles nous alertent régulièrement sur l’urgence d’agir.
Dans mon cœur de maman, je savais bien que notre Soleil progressait, et que c’était bien là l’essentiel. Qu’elle chantait déjà des comptines et faisait des phrases sujet/verbe/complément depuis fort longtemps. Qu’elle était tout simplement dans autre chose.
Mais à force d’entendre les autres la mettre dans une case, je l’ai amenée chez une ostéopathe spécialisée en bébé et chez une podologue. Pas tant par inquiétude que pour fermer la bouche à tous ces autres qui ne cessaient de chercher à comparer notre fille en l’enfermant dans une norme ô combien réductrice !
Quand la podologue a entendu parler ma fille, du haut de ses 17 mois, elle a éclaté de rire, me demandant presque ce que je faisais là. Elle m’a assurée qu’elle était dans le langage et que tout allait bien. Oui, elle sera peut-être (sans doute ?) appareillée vers 4-5 ans. Mais d’ici là, rien à faire d’autre que la laisser grandir et évoluer à son propre rythme.
Alors je me suis dit que je ne laisserai plus les autres impacter sur nos vies. Qu’ils pouvaient dire ou penser ce qu’ils voulaient mais que ça glisserait sur nous comme un souffle léger sur la peau.
Nous sommes tous différents. Et heureusement ! C’est ce qui fait la richesse de la vie.
Évidemment que chaque enfant a un rythme qui lui est propre. Qu’il faut absolument respecter, sans chercher à le le faire rentrer dans le moule en le stigmatisant. Certains ont besoin de plus de temps. Parfois, dans le cas du handicap, de beaucoup plus de temps. Mais l’essentiel est que chacun puisse progresser à son rythme… Même si le rythme nous paraît lent, trop lent…
Je n’ai jamais vu des enfants progresser davantage que quand ils sont soutenus, valorisés et encouragés ! C’est sans doute ce que devrait être la norme : accueillir les enfants tels qu’ils sont, avec bienveillance, en cherchant à les protéger autant que possible. Tous les enfants. Et même les adultes, qui ne sont finalement que de grands enfants portant des blessures dans des corps de grands…
Tous les enfants que je vois défiler, j’ai bien dit TOUS, ont du talent. Y compris les enfants porteurs de handicap. Certains sont très doués pour le sport, d’autres pour le dessin, alors qu’ils ont de réelles difficultés en math et/ou en français. Certains sont au contraire très scolaires et excellent dans toutes les matières, mais sont parfois déstabilisés parce qu’ils ne sont pas les meilleurs en chant ou en natation.
L’idée c’est de cultiver le domaine dans lequel l’enfant a un don. Mais il faut parfois être persévérant pour trouver ce qui le fait vibrer et lui donne envie. Parce qu’on oublie souvent à quel point la vie est contraignante et qu’on laisse peu (voire pas) de place au plaisir.
Peu importe nos différences. L’essentiel est juste de trouver ce qui nous rend heureux et de l’arroser de tout notre amour, avec beaucoup de bienveillance mais aussi d’indulgence.
À ce propos, j’ai lu un livre à notre Soleil d’une auteur que j’adore et que je vous recommande chaudement, Astrid Desbordes. Le livre s’intitule : « Ce que j’aime vraiment ».
Le message c’est qu’on est tous doué pour quelque chose mais qu’on ne peut pas être doué dans tous les domaines. Il faut juste trouver ce qui nous fait vibrer et qu’on aime vraiment…
La moralité c’est donc que peu importe la norme. On peut tous réussir et être heureux. Même si, parfois, c’est plus long et plus difficile, évidemment…
Mais en étant bien accompagné, tout le monde peut, à terme, s’en sortir à sa façon.
C’est un message d’espoir pour tous ceux qui pourraient douter. De soi, de la vie, de l’avenir.
Anne a dit:
L’instinct maternel est incroyable. C’est bien de consulter, pour enlever les doutes et pour confirmer que ton instinct disait vrai.
Le mien aussi a marché. Luna a marché à 20 mois, Marc a 21. Mais depuis leur 6 mois je savait que quelque chose n’allait pas pour Marc. Et j’ai bien fait d’insister pour la prise en charge précoce. Diagnostique avc périnatal avec hemiparesie 😢 mais le fait de ci avoir pris tôt l’a permît de faire d’énormes progrès.
Question langage ta fille est super en avance!! Ça a l’air d’être une petite adorable 😍
Super maman July !
julys974 a dit:
Je crois que nos coeurs de mamans ressentent les choses avant que la science les confirme… J’espère que Marc va bien. Les difficultés sont uniquement motrices ?
Plus la prise en charge est précoce, plus l’enfant peut s’en sortir.
Notre Soleil est très en avance en langage effectivement. On nous arrête souvent dans la rue pour nous demander quel âge elle a. Et c’est un petit clown. On ne s’ennuie pas ! Elle est capable de s’exclamer dans la file d’attente, à la boulangerie : « Tu me fais rire papa d’amour ! » Ou ce matin, quand on lui demandait de ne pas jeter son doudou par terre : « C’est clair que c’est pas très sympa. » 😂
Je ne suis pas parfaite, loin de là !
Je perds parfois patience et je sens que je porte malgré tout les stigmates d’une enfance pas rose. Mais j’essaye de faire de mon mieux et de toujours lui expliquer, même quand je m’énerve.
Carotte a dit:
On adore ce que j’aime vraiment ici et mon amour ❤️
Appareillée? J’ai raté quelque chose…
Mon soleil a marché à 22 mois. C’est un facteur d’alerte mais avant les médecins n’étaient pas inquiets. Au final il n’y voyait pas grand chose le pauvre….
Je suis rassurée pour E et M….
julys974 a dit:
Ouiiiii !!!! « Mon amour » est un des livres préférés du Soleil !! Je voulais du coup me procurer tous les autres (savais-tu que les aventures d’Archibald sont contées dans d’autres albums ?).
Je n’en n’ai pas parlé. E. est a priori hyperlaxe. Ses pieds rentrent vers l’intérieur et on est obligé depuis toujours d’acheter des chaussures hors de prix qui tiennent le mieux possible la cheville. On sait que vers 4-5 ans, elle devra au mieux avoir des semelles, au pire voir un orthopédiste mais là je n’ai pas creusé. Chaque chose en son temps. 🙂
Donc la marche tardive était peut-être liée à sa myopie ?
Carotte a dit:
D’accord…. pas simple en effet, elle peut également se blesser facilement j’imagine? Seuls ses chevilles sont touchées?
Il est hypermétrope et astigmate avec un très gros strabisme. Mais c’est bluffant même sans lunettes il semble n’avoir aucune difficulté : il s’est adapté
julys974 a dit:
Non elle est hyperlaxe globalement. Disons qu’elle tombe assez souvent mais elle a le coco dur et semble habituée aux gamelles ! Elle nous a fait une frayeur le week-end dernier en dévalant 3 marches d’escalier en béton. Elle arbore un magnifique oeil au beurre noir depuis.
C’est fou comme ils ont une faculté d’adaptation étonnante !!
annmy a dit:
Que j’aime ton article ! Si certains professionnels de mon entourage pouvaient te lire, cela ne leur ferait pas de mal ! C’est tout à fait ça, c’est la différence qui fait ce que nous sommes tous et qui est importante chez chaque enfant. Tu as tout résumé ! L’important est aussi de savoir s’adapter à chaque enfant. Merci Julys. Bises
julys974 a dit:
Après, ça c’est en théorie. Il m’arrive de râler contre cet enfant qui ne veut JAMAIS travailler (véridique : il refuse tout, tout le temps) et je m’en veux terriblement… Mais je finis toujours par expliquer les raisons de mon agacement en lui disant qu’il a tellement de potentiel que je suis tellement désolée qu’il ne l’exploite pas (ce qui est vrai !). Il y a ceux qui ont une concentration limitée à 30 secondes, ceux qui coupent constamment la parole, ceux qui se plaignent tout le temps etc. Parfois, je me mets donc en colère. Je me dis que c’est humain mais je culpabilise malgré tout…
annmy a dit:
C’est tout à fait ça ! Cette année en ULIS, bonjour le niveau de concentration mais c’est aussi ce qui fait le charme de notre travail auprès d’enfants en difficultés ou non.
julys974 a dit:
Le problème est que je suis dans une classe ordinaire, avec 28 élèves dont 4 inclusions d’ULIS et un certain nombre d’élèves en grande difficulté… Pas simple, d’où le manque de patience parfois qui me fait culpabiliser… Mais comme je disais, je rebondis toujours positivement et je prends le temps de reparler avec eux souvent.
asdecarreau a dit:
Coucou !
Je réagis car ma fille est hyperlaxe, a marché à 20 mois mais notre pédiatre n’a jamais paniqué sur la situation. Elle nous a conseillé d’aller voir un ostéopathe et en 2/3 séances hop elle s’est mise à galoper.
Elle a 4 ans, parlait couramment à 2 ans et pareil : un vrai petit clown.
Par contre pas de problème au niveau des pieds ou autre, pas d’appareillage évoqué.
Juste parfois elle prend des positions de fakir sur le canapé, on se demande comment nous avec son père qui sommes raides comme des piquets on a pu avoir une fille aussi souple.
Cette année elle a découvert la GRS, elle est fane et tout aussi à l’aise que les autres.
Bref…
Il me vient cette phrase d’Einstein super connue mais fort à propos : si vous jugez un poisson sur ces capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide…
icsipari a dit:
Notre caneton n’a marché qu’à 18 mois, et porte encore des couches à 3 ans… On a encore des remarques de spécialistes autoproclamés de la petite enfance, à mille lieux de la bienveillance car prononcées devant notre caneton comme pour lui faire des reproches… Là, je sors les griffes ! Laissez les enfants grandir à leur rythme ! Tu as bien raison de ce coup de gueule.
Florence a dit:
Bonjour Julys, je suis très contente de te lire surtout dans ce contexte. Pareil ici pour la marche de mes jumeaux. Mon fils a marché à 17 mois et sa soeur à 2 ans. Ayant moi même marché à 18 mois, j’ai fait la sourde oreille aux soignants et j’ai eu raison ! Il y a une hérédité de ce côté là aussi. Cette manie de ranger les mômes dans les cases m’énervent et quand on voit le glissement de notre profession ( quand j’ai commencé il y a plus de 20 ans, j’ai connu des maîtresses de maternelle qui gardaient les livrets en interne pour ne pas mettre la pression…on en est loin hélas…). Bon courage à vous 3