Sache, ami lecteur, que j’ai longuement hésité avant de publier ce billet… Il n’y sera pas question de PMA. Mais, emportée par le bel élan qu’il y a eu pour l’envolée de cartes de voeux, je me suis dit que ça vaudrait sans doute le coup de partager ce qui suit avec toi…

Je tiens à préciser que je ne veux te contraindre à rien et que je ne porterai évidemment aucun jugement à l’égard de ceux qui ne voudraient/pourraient pas participer.

Alors oui, tu ne me connais pas IRL. Je pourrais m’appeler Gérard, élever des vaches dans le canton de Vaud et avoir inventé toute ma vie en bonne psychopathe qui a du temps à perdre. Mais crois-tu sincèrement que je serai capable de décrire tout ce qu’on ressent dans ce parcours, si je n’étais pas une vraie blogueuse infertile désespérée et épuisée par tout ce cirque?

Bref, à l’approche des fêtes de fin d’année, laisse-moi te compter cette histoire…


 

Maïlys est une petite blondinette de 9 ans, excessivement timide, amoureuse des chats et fan de Violetta. Un peu sauvage, on a du mal à  l’apprivoiser, parce qu’elle semble terrifiée par l’Humain. Quand elle s’adresse à moi, c’est toujours par l’intermédiaire de sa mère, à qui elle communique le message à me faire passer au creux de l’oreille. Moi, Julys, le grand méchant loup ! C’est dire à quel point cette petite grandit dans un climat d’insécurité et de peur permanente…

Maïlys a quitté précipitamment la métropole il y a de cela 3 ans, pour suivre sa mère et ses 3 grands frères. Ils n’avaient d’autres choix que de fuir la violence dévastatrice de leur bourreau.

C’est une histoire pas commune, mais si banale pourtant…

J’ai rencontré Maïlys alors que sa maman travaillait dans ma classe, l’an passé.  Cette dame est épuisée par des années de procédures judiciaires, de harcèlement moral, de solitude et de terreur. L’ironie du sort, c’est que son bourreau gagnant très bien sa vie, tant que le divorce n’était pas officiellement prononcé, jusqu’à très récemment, elle était bloquée pour certaines aides auxquelles elle aurait pu prétendre… Notamment un logement social!

Suivie par une assistante sociale très impliquée mais un brin démunie, et conseillée par une avocate commise d’office pas très concernée, voilà 3 ans qu’elle s’épuise pour essayer de protéger sa famille. Le bourreau rôde toujours dans la pensée de chacun d’entre eux et ils vivent avec la peur au ventre qu’un jour, cet homme odieux traversent l’océan pour venir leur refaire du mal.

J’ai eu l’occasion de revoir la petite et sa maman hier. Je les ai invitées à la maison, pour manger de bonnes friandises et leur apporter un peu de douceur. Maïlys s’est jetée sur les pâtes de fruits ou autres petits biscuits. Et elle a passé des heures à câliner mes chats. Ce qui est impressionnant, c’est que mes chats sont relativement sauvages. Surtout l’une d’entre elle ! Mais Maïlys a un talent naturel pour communiquer avec les félins. Il semblerait qu’elle a plus de faciliter à communiquer avec eux qu’avec les gens…

Je me rappelle de l’enfant que j’étais… Dans mes grands moments de désarrois, je me réfugiais entre les pattes de ma petite chienne pour trouver du réconfort. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, en lui confiant mes misères. Et elle m’écoutait, placidement, avec ce regard bovin si doux et quelques léchouilles qui avaient ce pouvoir si apaisant !

Je crois que Maïlys trouve ce réconfort chez les animaux et c’est beau à voir.

Lors de notre absence du caillou, comme lors de notre précédent voyage en métropole, j’ai demandé à sa mère si elle accepterait de garder notre maison, pour s’occuper des chats et avoir un peu plus de confort et de calme, l’espace de quelques semaines.

Evidemment, elles étaient ravies !! La petite adore « vivre » ici. Elle passe ses journées à jouer avec nos chats et à la Wii. C’est également le paradis des enfants, un peu comme la maison du Père Noël, puisqu’en tant que maîtresse, j’ai nombre d’albums et de jeux à disposition… On se laisse vite envahir par des années de métier ! En début de carrière, j’appelais d’ailleurs ma classe ma chambre… Quand le professionnel se confond avec le personnel…

Sa maman aussi est ravie. Habitant en plein coeur d’une cité défavorisée, elle aime se réfugier chez nous. Elle dit que le calme qui y règne lui fait un bien fou.

Donc hier, quand j’ai demandé à cette femme esseulée ce qu’elle pensait faire pour les enfants à Noël, elle m’a dit: « Rien… Je ne suis même pas sûre d’avoir assez d’argent pour acheter un cadeau à la petite… » Et j’ai senti tant de souffrance dans ce « rien » !! Ca a brisé mon coeur de femme, d’amie, de maman…

Elle n’aura pas de quoi acheter un cadeau à Maïlys… Encore moins aux 3 aînés, majeurs, qui eux aussi débutent leur vie dans la plus grande précarité. L’un a réussi à trouver un petit contrat d’apprentissage qui lui permet, avec 700€, de soutenir sa mère pour le loyer. Le second ne trouve pas de travail: la situation sur l’île est très compliquée pour les jeunes sans réelle formation !!60% des jeunes sont concernés par le chômage, ce qui fait du caillou, ce petit paradis terrestre, l’un des départements les plus touchés à l’échelle nationale… Pour plus d’infos, tu peux regarder ici.

Le dernier des fils, 18 ans, semble un peu paumé. On le serait à moins, non?

Alors, comme tu le vois, cette famille se débat au quotidien pour survivre, sans jamais rien demander à personne. D’ailleurs, je crois qu’ils ne veulent surtout pas de pitié!! L’an dernier, une de mes collègues avait demandé à sa fille de trier tout son linge pour pouvoir donner des vêtements pour la petite. Sa maman avait été très touchée, quoique un peu gênée. En même temps, elle avait été reconnaissante et sans doute soulagée d’être un peu soutenue et aidée.

Il faut savoir que de soutien, elle n’en n’a pas, ou si peu. Sa mère, une vieille femme aigrie et alcoolique, lui reproche sans arrêt d’avoir quitté le bourreau, lui disant qu’après tout, elle n’a qu’à retourner avec lui, parce que, je cite, « il gagne très bien sa vie ». Bon, en même temps, on parle d’une femme qui s’est retrouvée enceinte par accident et qui a épousé le premier venu qui acceptait sa situation, pour mieux faire payer plus tard à tout son petit monde son choix de vie de l’époque.

Bref, l’an dernier, j’avais offert un cadeau de Noël à cette maman qui, malgré ses très petits moyens, m’avait en retour offert un petit diffuseur de parfum d’ambiance, avec son fagot de bâtonnets. J’avais été si émue et touchée !!

Donc, pour faire de leur Noël un Noël rempli de solidarité et d’espoir, il m’est venu une idée… Mais j’aurais besoin un peu de toi, toi et toi… Si tu te sens concernée ou touchée par cette histoire pas commune mais si banale, alors voici l’idée…

J’ai mis en place un pot commun. Kézako? Pour plus d’informations sur le sérieux de l’action, sache que la presse en a parlé !! C’est par ici.

Le pot commun que j’ai mis en place, en sollicitant également famille et amis, consiste a récolté des dons qui consisteront à offrir un Noël décent à Maïlys et sa famille. La participation est libre, et il n’y a pas de petit don. 1€ est un 1€ !

J’ai pour objectif peut-être ambitieux de récolter au moins 500€ (j’en suis déjà à 80€ !!), pour acheter des cadeaux à Maïlys, mais aussi à ses frères. Et je caresse le doux rêve de pouvoir offrir à leur maman une machine à coudre. En effet, hier, elle m’a confié qu’elle aimerait bien s’acheter une machine à coudre. Elle a suivi une formation de couturière quand elle était plus jeune. Je me suis dit que ce serait un investissement excellent !! Non seulement elle pourrait confectionner des vêtements à moindre coût pour elle et ses enfants, mais en plus, elle pourrait sans doute arrondir ses fins de mois en proposant de menus travaux de couture !!

Tout ça pour dire qu’un peu de temps, une modique somme: ça ne changera pas notre vie, mais ça peut changer le Noël d’une famille bien courageuse ! Leur donner envie de croire que oui,  parfois, la vie peut être drôlement jolie.

Je fais donc appel à tous les papas et mamans qui se trouvent dans vos coeurs. Je sais que pour grand nombre d’entre vous, Noël est souvent une période triste qui vous rappelle le manque d’enfant. Que gâter les enfants des autres, vos neveux et nièces notamment, vous renvoie souvent au manque qui vous envahis. Alors Maïlys, certes, ce n’est pas votre enfant… Mais j’aime à penser que rendre heureuse cette petite confrontée trop jeune à de si grandes difficultés, ça ne pourra qu’embellir un peu cette énième Noël qui nous laissera une fois de plus les bras vides.

Je sais que si nos bras sont vides, sur cette blogosphère, souvent nos coeurs sont bien remplis !!

Alors, j’ai envie de dire: et si on s’improvisait tous Père Noël cette année? Et si c’était ça, notre magie de Noël?

Si tu as envie de participer, c’est simple, c’est ici:

https://www.lepotcommun.fr/pot/53tyc9ti

Merci à tous pour votre attention.